Comment travailler sa voix pour s’affirmer à l’oral ?

La voix est un instrument fabuleux. Et comme tout instrument, il est possible de l’entraîner et de l’améliorer. Dans cet article, je vais vous parler de cinq façons de travailler sa voix pour s’affirmer à l’oral. Ça vous sera utile pour des prises de parole en public, mais également pour les interactions du quotidien. Bonne lecture !

 

Prendre conscience de sa voix et l’assumer pour s’affirmer à l’oral #1

Certains acteurs ont des voix incroyables comme  Morgan Freeman pour les hommes ou Scarlett Johansson pour les femmes (allez voir le film Her, la voix de l’actrice est utilisée pour l’intelligence artificielle). Et l’envie nous prend souvent de les imiter. Mais c’est une mauvaise idée,  parce que ça nous pousse à utiliser des timbres de voix qui ne nous sont pas naturels.

Dans cette partie, j’aimerais vous convaincre de prendre conscience de votre voix et de l’assumer comme elle l’est. Pour commencer, je vous propose de placer votre voix dans le graphique ci-dessous :

Quel est le ton naturel de votre voix ? Est-ce que vous parlez plutôt doucement ou bruyamment ? Parlez-vous avec un rythme lent ou rapide ? Si vous ne savez pas vous placer, parlez d’un sujet au hasard (vos dernières vacances) tout en vous enregistrant avec votre téléphone.

 

travailler sa voix

Une fois que vous vous êtes placé sur le graphique, demandez à un proche de vous placer à son tour. C’est intéressant de faire cet exercice, car on ne se rend pas compte qu’il y a parfois un décalage entre notre perception de notre voix et celle des autres.

Okay, maintenant, c’est bon, vous avez pris conscience de votre ton naturel. D’après vous, quel est le ton de voix le plus efficace en communication ? C’était une question piège. Il n’y en a pas. La seule chose importante, c’est d’éviter la monotonie. Changez régulièrement votre vitesse ou le volume de la voix. Je reviendrai sur l’importance de la variété dans la partie suivante.

N’essayez pas d’avoir une voix plus grave que celle que vous avez

Dans cette scène mythique du film Le parrain, Don Corleone s’exprime avec une voix grave qui exprime l’autorité et le charisme. Depuis, il y a un mythe de la voix grave qui est la marque de la masculinité, l’autorité et le pouvoir. Et cette volonté d’avoir une voix grave ne concerne pas uniquement les hommes. Margaret Thatcher, ancienne Premier ministre du Royaume-Unis, a complètement transformé sa voix après son élection de 1975. Regardez la différence de voix avant/après dans cette vidéo.

Enfin, même les travaux de chercheurs vont dans le sens d’avoir une voix plus grave. Selon cette étude, les gens qui parlent avec un ton de voix plus posé et grave, sont considérés comme plus dominants, crédibles et influents. Aussi bien chez les hommes que les femmes.

Toutefois, il faut se méfier de cet attrait que les gens ont pour la voix grave :

  • D’abord, le lien entre la voix et l’autorité n’est qu’une corrélation. Il ne suffit pas d’avoir une voix grave pour être influent. Inversement, vous pouvez avoir une voix « normale » et avoir de l’impact. Si vous écoutez Xavier Niel, l’entrepreneur français, il n’a pas une voix grave à la Morgan Freeman. Pourtant, ça ne l’a pas empêché d’être considéré comme l’homme le plus influent de France en 2017 (selon Vanity Fair).
  • Deuxièmement, la voix est le résultat de votre état d’esprit. Si vous êtes serein et confiant, votre voix va le communiquer. Si vous êtes stressé, elle va également le communiquer. Ce n’est pas en adoptant une voix grave que vous allez gagner en crédibilité. Ne faites donc pas l’erreur de vous focaliser uniquement sur votre voix et privilégiez l’action et les accomplissements pour devenir crédible.
  • Enfin, la voix est un instrument. Ce n’est pas parce qu’avoir une voix grave est parfois utile (prise de décision, politique…) qu’il faut toujours garder le même ton. Il faut savoir jouer avec et l’adapter en fonction des situations.

Ne changez pas votre débit de parole : c’est okay de parler vite

Un des conseils des coachs de voix que j’entends souvent est : « il faut parler à un rythme lent ». Mais il n’y a rien de plus faux. Parlez à la vitesse que vous voulez ! Voici le seul conseil que je donnerai à ceux qui parlent vite : lorsque vous expliquez un concept difficile, faites davantage de silences entre vos phrases. La raison est simple: vous voulez donner le temps à votre interlocuteur de vous comprendre. A part ça, exprimez-vous librement.

Pour ceux qui doutent encore, une recherche intéressante a montré l’impact positif d’un débit rapide. Si vous parlez à un débit de 400 mots/minutes (la moyenne est à 200 mots/minutes dans une conversation), vous paraîtrez plus intelligent et crédible. Au-delà, la perception devient négative. Ce n’est pas un hasard si Bénédict Cumberbatch, l’acteur de la série de Sherlock Holmes, a décidé d’avoir un débit de parole extrêmement rapide. Ça rajoute encore du génie et de l’intelligence au personnage.

Conclusion: pour travailler sa voix, commencez par l’assumer

Nous sommes tous gênés d’entendre notre propre voix. En général, on la trouve rarement magnifique. Pourtant, il faut apprendre à l’apprécier pour pouvoir l’utiliser à son plein potentiel. Par exemple, il est très difficile d’élever la voix lorsque vous n’utilisez pas votre voix naturelle. Vous n’y arriverez pas. Vous allez vous essouffler et vous dégagerez une image d’inauthenticité. D’où l’importance d’assumer sa vraie voix pour la suite de cet article.

 

comment travailler sa voix

 

Travailler sa voix pour éviter la monotonie #2

« Vous disposez d’au moins six outils : le volume, la hauteur de la voix, le rythme, le timbre, le ton et ce qu’on appelle la prosodie, cette musicalité qui permet de distinguer une affirmation d’une question. […] Pour ma part, je crois que le principal est de mettre de la variété dans le discours en fonction du sens que l’on veut transmettre. » Chris Anderson, administrateur des conférences TED

La variété dans la voix est indispensable pour être captivant. La monotonie quant à elle est soporifique et nous voulons l’éviter à tout prix. Il faut donc travailler sa voix pour y  apporter de la variété.

Chuchoter pour attirer l’attention et prévenir une grande idée

Durant mes spectacles de magie, je baisse le volume de ma voix avant de faire une révélation finale. C’est également un moment où j’accentue les pauses et les silences. En faisant ça, mon objectif est de porter l’attention des spectateurs à son maximum. En réduisant votre volume, vous forcez les gens à tendre l’oreille, à se pencher vers vous et à arrêter de bavarder.

Avoir une voix forte et dynamique pour partager la passion

A l’inverse, parler avec un volume élevé et un rythme rapide permet de communiquer votre passion et l’importance de vos propos. Parler avec conviction demande de l’énergie. Vous devez sélectionner les moments les plus  importants de votre message. De plus, gardez un voix dynamique et énergie en permanence va fatiguer votre auditoire. Vous ne pourrez donc pas garder un niveau d’intensité aussi fort bien longtemps.

Parler vite pour donner l’air intelligent

Comme nous l’avons déjà vu, parler rapidement donne une impression d’intelligence et de crédibilité. L’autre conséquence d’un rythme rapide est que ça complique la compréhension pour votre interlocuteur. Ainsi, parler vite peut être une technique intéressante lorsque votre objectif est de dominer un débat. Au moment de partager vos arguments, accélérez votre débit. Ça donnera de la crédibilité à vos arguments et vos adversaires devront être alertes pour rien manquer à votre logique.

En revanche, son utilisation doit rester limitée au risque de passer pour quelqu’un d’arrogant et présomptueux.

Parler posément pour relaxer et calmer

Les émotions sont contagieuses. Lorsqu’un membre d’un groupe est stressé, généralement il transmet son stress aux autres membres. Inversement, un tempérament calme influence positivement les autres membres d’un groupe. Ainsi, lorsque vous sentez que la tension monte, ralentissez et marquez davantage de pauses et de silences. Essayez de baisser le volume de votre voix et de ralentir le rythme. Tous ces changements vont entraîner une baisse de tension dans un groupe.

Je vais prendre l’exemple d’un match de foot. Il y a des situations où la tension est à son maximum: les footballeurs courent dans tous les sens, la défense est désorganisée, il se passe contre-attaque sur contre-attaque, enfin bref, c’est la panique sur le terrain. A ce moment-là, vous avez toujours besoin d’un joueur qui prend la balle et qui ralentit le rythme. Son rôle est crucial car il permet à tout le monde de relâcher la pression et d’être davantage lucides. Vous avez le même pouvoir avec votre voix. Devenez ce joueur qui sauve son équipe grâce à son tempérament calme et lucide.

 

Comment ne pas avoir la voix qui tremble #3

Pour s’affirmer à l’oral, nous ne voulons pas avoir une voix tremblante. Cette dernière communique le stress et le manque de confiance en soi. Pour résoudre cette difficulté, il faut attaquer le problème à la source : le trac. Faire un travail sur sa voix n’est pas suffisant, il faut surtout apprendre à gérer le stress. Étant donné que l’article est déjà long, je vous invite à lire mon article complet à ce sujet : comment ne pas avoir le trac en public ?

Si je ne devais qu’une seule recommandation, c’est celui-ci : La préparation et la répétition sont les meilleurs alliés contre le trac. Vous voulez arrêter de stresser avant une prise de parole ? Alors, il faut répéter, encore et encore. Il y a une sorte de prétentieux chez les orateurs qui pensent que leur talent est suffisant pour bien parler. Or ce n’est jamais le cas. La seule façon de réussir sa prise de parole, est de mettre le temps nécessaire dans la préparation. Votre tremblement de voix disparaitra avec la répétition.

« L’une des clés du succès est la confiance en soi. L’une des clés de la confiance en soi est la préparation. » Arthur Ashe, joueur de tennis

 

Travailler sa voix en gardant une bonne posture #4

La voix est très connectée avec le reste du corps. Ainsi, pour travailler sa voix, il faut également travailler sa posture et ses gestes. Pour commencer, essayez de vous tenir droit. L’objectif est d’ouvrir le plexus afin d’être capable d’exprimer des sons puissants et naturels. Si vous êtes courbé et refermé, il est difficile de s’exprimer et de lever la voix.

La deuxième astuce pour avoir une voix qui s’affirme, c’est de bien s’ancrer dans le sol. Parfois, lorsqu’on fait une présentation à l’oral, on a tendance à faire les 100 pas sur scène. Mais c’est une mauvaise idée : pour avoir une voix posée, il faut que son corps soit posé. La prochaine fois, essayez de rester le plus stable possible. De même, si vous avez un pupitre, ça peut être une bonne idée de bien poser ses mains dessus pour s’ancrer davantage. Si vous observez le Président Macron pendant ses allocutions, il a toujours une position bien ancrée:

Voix de Macron
Crédit photo : Ludovic Marin/AFP

Enfin, il est important d’accompagner sa voix par des gestes. C’est ce qui permet de rendre votre voix vivante. Nous voulons à tout prix éviter les mains figées et tendues. Pour reprendre la métaphore du coach Bill Hoogterp : en tant qu’orateur, vos mots représentent le chanteur principal. Votre ton de voix représente le chœur en arrière-plan. Et votre langage corporel est le reste du groupe. Lorsque les trois sont synchronisés, la musique est magique.

 

Travailler sa voix afin qu’elle s’adapte à ses propos et son auditoire #5

Votre voix doit concorder avec vos intentions et vos propos

Travailler sa voix consiste également à se coordonner avec ses pensées et ses intentions. Si vous n’êtes pas sincère dans vos propos, votre voix vous trahira. Si je vous dis que je suis heureux d’être là, avec une voix faible et molle, vous ne vous  laisseriez pas berner. Il faut donc prendre le temps de se familiariser avec votre discours pour être soi-même convaincu.

En magie, c’est flagrant. Si je réalise un tour de passe-passe, mais que j’y n’y  crois pas, le spectateur ne se laissera pas prendre par le subterfuge. Ma voix et mon corps me trahiront. C’est étonnant, mais on peut toujours se convaincre de certaines idées, même si elles ne sont pas vraies. Ça demande seulement du temps et de l’entraînement.

Votre débit de voix doit s’adapter à votre auditoire

Adaptez votre voix à un auditoire. Je vous ai dit précédemment de parler à votre propre rythme. Mais dans certaines situations, il faut s’adapter. Par exemple, face à un public de personnes âgées, il faut ralentir. Ainsi, si vous vous exprimez à toute une population, il faut parler lentement pour être compris par tout le monde. C’est la raison pour laquelle le Président de la république parler lentement.

Même raison pour Martin Luther King lors de son discours « I have a dream ». Il avait une cadence de 100 mots/minute, soit un débit extrêmement lent. Mais ça convenait très bien à un discours dont le but est de toucher le maximum de gens (près de 200000 personnes ont assisté au discours en direct).

 

Conclusion – Comment travailler sa voix pour s’affirmer à l’oral ?

Pour travailler sa voix, il faut y prêter une attention permanente dès que vous prenez la parole. Avec le temps, vous prendrez certaines habitudes qui amélioreront significativement votre impact à l’oral. En attendant, si le sujet vous a intéressé, je vous invite à lire les articles suivants :

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