Comment faire une présentation dynamique ?

Comment faire une présentation dynamique ? C’est d’autant plus important que l’attention qu’on nous porte lors d’une présentation est devenue rare. Dès que nous perdons en énergie et en rythme, notre auditoire perd le fil et retourne sur son téléphone. Dans cet article, nous allons aborder toutes les stratégies vous permettant de garder votre présentation dynamique. Toutes ne vous conviendront pas, mais vous devriez en trouver au moins une qui s’adapte à votre présentation. Bonne lecture !

 

Éviter le format Présentation puis questions

La plupart des présentations se déroulent ainsi : une personne parle pendant 20 minutes, puis elle répond aux questions de l’auditoire pendant 15 à 20 minutes. Ce format est la plupart du temps imposé, vous n’aurez donc pas la possibilité de le modifier.

Toutefois, si vous avez le choix, privilégiez un format plus interactif:  l’auditoire doit pouvoir vous interrompre à tout moment pour poser des questions ou faire des remarques. Pourquoi ?

• Les moments les plus dynamiques d’une présentation se passent TOUJOURS quand l’auditoire échange avec l’intervenant. L’interaction rend  la présentation spontanée, surprenante et vivante, notamment parce que le public a l’impression de participer à un moment unique. C’est la valeur ajoutée de votre présentation. Sans interaction, vous pourriez vous filmer devant une caméra et envoyez la vidéo à l’auditoire, ça ferait le même effet.

• Si vous empêchez l’interaction, alors votre auditoire va passer en mode « Netflix ». C’est-à-dire il va écouter passivement sans participer ou réfléchir. Or c’est ce que vous voulez éviter, parce qu’il est difficile de passer de cet état passif à un état actif où le public interagit. Si dès le début de votre présentation, vous encouragez le public à vous interrompre, alors vous favorisez cet état actif dès le début.

L’exception à la règle

Évidemment, si le format « Présentation puis questions » est régulièrement imposé, c’est parce qu’il permet de maîtriser plus facilement le temps. Ainsi, si vous êtes contraint de ne pas dépasser 10 minutes, alors il faut effectivement privilégier une présentation sans interaction. Sinon, vous risqueriez de dépasser.

A l’exception de ces présentations limitées par le temps, encouragez toujours les échanges avec l’auditoire.

 

Impliquer l’auditoire pour rendre une présentation dynamique

« Dis-moi et j’oublie. Enseigne moi et je me souviens. Implique moi et j’apprends. » Benjamin Franklin

Encouragez l’auditoire à interagir avec l’intervenant est une bonne chose, mais ça ne garantit pas pour autant qu’il le fasse. Si l’intervenant veut garder le contrôle sur le dynamisme de la présentation, c’est à lui d’impliquer son auditoire.

Ci-dessous, vous trouverez différentes approches pour impliquer votre auditoire, mais toutes ne conviendront pas au format de votre présentation. A vous de sélectionner celles qui s’adaptent bien.

1. Poser des questions

Poser des questions est l’une des façons la plus simple et efficace pour impliquer son auditoire. Les questions ont plusieurs utilités :

• Poser une question détruit le biais rétrospectif. Qu’est-ce que ce biais psychologique ? Lorsque vous donnez une information, les gens trop souvent disent : « ah oui mais je le savais déjà. » Le biais rétrospectif désigne la tendance qu’ont les personnes à surestimer rétrospectivement le fait que les événements auraient pu être anticipés moyennant davantage de prévoyance ou de clairvoyance.

• En posant une question à votre auditoire, il est probable de recevoir des réponses surprenantes et invraisemblables. C’est parfait, ça rend votre présentation plus dynamique, spontanée et vivante.

• Poser une question au lieu d’annoncer simplement la réponse améliore la mémorisation selon cette étude. En plus de rendre votre présentation  plus dynamique, vous la rendez plus mémorable.

Attention toutefois. Ne posez pas de questions trop personnelles dès le début. Il faut toujours se dévoiler en premier avant de demander à l’auditoire de le faire. Pour commencer, privilégiez les questions rhétoriques ( c’est-à-dire les questions qui n’attendent pas de réponse).

2. Faire des  activités après chaque partie importante

Si possible, accompagnez chaque partie de votre présentation avec une activité pratique. En plus d’apporter du rythme à votre présentation, ça force les participants à sortir du mode « passif ». De plus, ça permet à l’intervenant de souffler un peu.

Ne pensez pas que cette approche soit réservée aux enseignants et formateurs. Même dans une présentation de 20 minutes, il est possible de faire une activité qui demande la participation de tout le monde. C’est plus ou moins facile de trouver le bon exercice selon le sujet, mais c’est possible.

3. Faire des votes en ligne

Si votre présentation se déroule devant un grand public, il n’est pas toujours évident de faire participer l’ensemble des participants. Dans cette situation,  il ne faut pas hésiter à utiliser des outils digitaux comme Poll Everywhere (iOS et Android). Cette application permet de faire des sondages, des quiz, des nuages de mots… Et tout le monde peut participer. Il suffit d’avoir une excellente connexion wifi et c’est parti !

 

 

Utiliser la structure narrative des films Hollywood pour faire une présentation dynamique

Un autre levier important pour rendre votre présentation dynamique est sa structure. Une bonne structure doit tenir votre auditoire en haleine du début à la fin. Pour y parvenir, nous allons nous inspirer des films Hollywood. En général, dans chaque bon film, on observe le même schéma : Situation initiale – conflit – résolution du conflit – objectif atteint

Ce schéma est d’une grande simplicité, mais il n’est pas toujours respecté. Très souvent, j’assiste à des présentations où  le point de départ ou d’arrivé n’est pas clair. C’est donc important de clarifier votre présentation afin de savoir quel est le problème que vous résolvez. De plus, le conflit doit être suffisamment challenging afin de garder l’attention de votre auditoire le plus longtemps possible.

Mais ça ne suffit pas.

Avoir un conflit principal est crucial mais pas suffisant. Il faut alimenter votre présentation d’une multitude de « petits conflits » afin de garder l’attention éveillée. Par exemple, si vous analysez la courbe émotionnelle du dernier film Harry Potter, elle monte et descend en permanence : les mini-conflits et mini-résolutions s’enchaînent :

• Problème: Harry doit se rendre chez Ron, mais il se fait attaquer et Edwige meurt.
• Résolution: Harry arrive sain et sauf chez les Weasley.
• Problème : le mariage de Bill Weasley et Fleur Delacour est interrompu par une attaque de mangemorts.
• Résolution : Harry, Ron et Hermione parviennent à s’échapper et à se cacher.
• …

Source : https://arxiv.org/abs/1606.07772

La courbe émotionnelle du dernier Harry Potter est une montagne russe continue. Et vous pouvez retrouver ces variations dans tous les films Hollywood. Nous devons atteindre la même courbe émotionnelle si nous voulons des présentations dynamiques. Pour cela, il faut enchaîner les problèmes à résoudre :

 

Formats et outils de présentation dynamique

Pour rendre une présentation dynamique, il suffit parfois de changer d’outils et de formats. Ce que je vais vous présenter ici est original et peu connu, vous surprendrez forcément votre auditoire. En revanche, ça ne conviendra pas à toutes les situations.

Enfin, et c’est important, aucun format ou outil ne peut rendre une présentation dynamique à votre place. Bien que ça apporte de la nouveauté, c’est loin d’être suffisant.

1. Format Pecha Kucha

Le Pecha Kucha consiste à faire une présentation PowerPoint / Keynote en faisant dérouler 20 diapositives toutes les 20 secondes. La difficulté est la suivante : les diapositives passent de l’une à l’autre en automatique. Vous devez donc garder un rythme suffisamment dynamique pour rester coordonné.

Il y a plusieurs avantages : la présentation est rapide, elle ne dure que 6 minutes et 40 secondes (20×20). De plus, 20 secondes étant très rapide, l’auditoire n’a pas le temps de s’ennuyer. Je parle de ce format en détail dans cet article : Comment faire un bon Pecha Kucha ?

2. Méthode Lessig

Larry Lessig est professeur de droit à Stanford. Étant énervé de voir ses étudiants sur leur téléphone, il a décidé de créer un style de présentation assez unique : toutes les trois secondes, il y a un changement de diapositive. Il est impossible de ne pas suivre ses présentations tellement qu’elles sont fluides et dynamiques.

Le problème ? Ça demande BEAUCOUP de travail pour atteindre la fluidité de Lessig. Regardez cette vidéo pour directement le voir en action.

3. Prezi

Prezi est un outil de présentation qui offre une belle alternative à Powerpoint. Il se distingue grâce à une structure moins linéaire, des transitions claires et un système de zoom. Ça vaut la peine d’essayer si vous ne connaissez pas, car Prezi permet de penser votre présentation différemment. Toutefois, son système de zoom peut faire mal à la tête s’il n’est pas bien réalisé. A vous de voir.

 

Raconter des histoires pour rendre une présentation dynamique

Oussama Ammar, l’un des trois co-fondateurs de The Family, a réalisé un nombre impressionnant de conférences sur  l’entreprenariat. Si le sujet vous passionne, alors je vous recommande d’aller voir son travail. En moyenne, ses conférences durent entre une heure et deux. Pourtant, il parvient à rester passionnant du début à la fin. Il n’utilise pas de Powerpoint, il ne pose jamais de questions au public et il ne fait jamais de pauses. Mais alors, comment fait-il pour garder une présentation dynamique ?

C’est un super storyteller. Ses présentations sont remplies d’anecdotes, d’exemples concrets ou encore de métaphores. Il ne parle jamais de concepts vagues sans les illustrer clairement. Évidemment, raconter des histoires n’est pas la seule raison expliquant son succès. Mais elle y contribue fortement.

Voici ce que je vous propose : pour chaque vérité que vous affirmez, accompagnez-la d’une anecdote ou d’un exemple. Ça demande du travail, mais votre présentation gagnera en dynamisme immédiatement !

Article qui pourrait vous intéresser : Comment raconter une histoire ?

 

Améliorer sa communication non verbale

La communication non verbale, elle aussi, joue un rôle fondamental dans le dynamisme de votre présentation.

Travailler sa voix

Il y a deux principes fondamentaux avec la voix pour rendre une présentation dynamique :

• D’abord, le volume: l’auditoire doit être capable d’entendre facilement ce que vous dites. S’il doit faire un effort pour vous comprendre, vous allez le perdre. Ça paraît évident, mais j’ai assisté à de nombreuses conférences où l’intervenant considérait ne pas avoir besoin de micro pour s’exprimer. Conséquence : il ne parlait jamais assez fort.
• Deuxièmement, la variété : que vous parliez vite, doucement, avec une voix grave ou aiguë, peu importe… Le plus important est de varier le ton de sa voix. C’est tout.

Je parle de la voix en détail dans cet article : Comment travailler sa voix pour s’affirmer à l’oral ?

Établir un contact visuel

Le regard est le lien invisible qui vous connecte à l’auditoire. Si vous rompez ce lien, vous perdez leur attention immédiatement.  Alors je vous passe les conseils habituels qui consistent à regarder chaque personne au moins trois secondes avant de passer à la suivante. Nous le savons, c’est important. Mais je préfèrerai vous parler des détails suivants:

• Lorsqu’une personne dans l’auditoire s’exprime, demandez-lui si possible qu’elle se lève. Le fait qu’elle soit visible rend la conversation plus facile à suivre pour les autres. De même, faites en sorte de toujours rester visible. N’hésitez pas à utiliser une mini scène si besoin.

• Quand vous faites des présentations à plusieurs, veillez à ce que chaque membre du groupe restent « connecté » avec l’auditoire. Autrement, ça va distraire le public et vous perdrez en dynamisme.

Les déplacements

Il n’est pas nécessaire de bouger partout pour faire une présentation dynamique. Au contraire, je vous recommande de rester le plus statique possible: ainsi, vous aurez davantage d’impact et de force dans vos propos. Toutefois, si vous souhaitez vous déplacer, faites-le dans les moments « faibles ». C’est-à-dire, déplacez dans les moments où vous ne parlez pas.

Deuxièmement, évitez de parler dos au public. Celui ne va pas vous entendre et le contact visuel est rompu. Attendez d’être de nouveau repositionné pour reprendre la parole.

 

Conclusion pour faire une présentation dynamique

Rendre une présentation dynamique est possible, mais ça demande du travail à tous les niveaux ! Il faut aussi bien travailler sur la forme que sur le fond. Toutefois, le résultat en vaut la peine car c’est extrêmement valorisant de parler et d’être écouté attentivement. Je vous le souhaite !

N’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de l’article dans les commentaires. Vos retours sont toujours intéressants.